SOCIOLOGIE DE LA PROTESTATION

sous la direction d'Olivier Fillieule coll. Sciences humaines et sociales, éd. L'Harmattan, 150 F

La crise du militantisme et du syndicalisme signifie-t-elle la mort de l'action collective et la montée inexorable de l'individualisme ? L'ouvrage d'Olivier Fillieule relativise cette idée répandue. Il montre bien que la protestation change de forme, mais ne se tarit pas. La recrudescence des grandes manifestations (défense de l'école publique, contrat d'insertion professionnel, par exemple) l'ont récemment illustré.

Des agents des Finances aux infirmiers, en passant par les déboutés du droit d'asile, Olivier Filleule a regroupé sept travaux différents d'étudiants en sciences politiques qui décrivent la construction progressive de l'action, son organisation et ses objectifs. Des recherches qui défrichent un pan de la sociologie politique encore relativement mal exploré en France. " Fortement marquée par le droit, dont elle est issue, la science politique [française] ne pouvait sans grand mal prendre comme objet d'étude des comportements non explicitement reconnus par la loi ", note Olivier Fillieule.

L'un des mérites de ces travaux est de montrer que ces nouvelles formes d'action ne sont pas forcément l'expression de revendications uniquement matérielles et corporatistes, comme on l'a dit au sujet des infirmiers. " On peut difficilement en rendre compte en référence au paradigme à base économique de l'action rationnelle ", estime à leur sujet Patrick Hassenteufel. Reste à savoir comment vont coexister dans le temps ces nouvelles formes de mobilisation et les structures syndicales ou politiques traditionnelles.