OPINION PUBLIQUE selon le dictionnaire de S.E.S NATHAN

Ensemble d'appréciations et de positions partagées par un grand nombre d'individus sur des

problè mes d'intérêt général.

Le qualificatif « publique » se réfère aussi bien à la population en général qu'à l'objet des opinions (les questions de la cité, la res publica). Le phénomène est protéiforme et aucune définition ne fait l'unanimité. Trois remarques peuvent être faites.

L'opinion publique peut revêtir des significations différentes. Le vocable renvoit soit à la position majoritaire de la collectivité, soit à la répartition des opinions on parlera alors de l'état de l'opinion. En termes d'intensité, on peut avoir affaire tantôt à des sentiments ou des avis flous, tantôt à des convictions fermes (mais dans ce dernier cas, il ne s'agit pas forcément de l'attitude d'une nette majorité).

Avec la banalisation des sondages, l'opinion publique devient un indicateur permanent censé rendre compte de l'agrégation des opinions individuelles. L'équivalence ainsi posée entre opinion publique et « ce que mesurent les sondages » (expression de Gallup, pionnier américain des techniques de sondages) a suscité de multiples critiques l'opinion sollicitée est un artifice (nombre d'individus interrogés n'ont pas au préalable d'attitude arrêtée), la formulation des questions (et des réponses préformatées) peut introduire des biais importants (non-prise en compte de certaines positions, tendance au conformisme, etc.).

En tant que moyen de la compétition politique, ce que l'on présente comme l'opinion publique tend continuellement à être instrumentalisée : les commanditaires de sondages, les instituts du même nom, les médias songent moins à saisir « ce que pensent les gens » qu'à traduire des tendances dans un sens souhaitable (pour le pouvoir en place ou pour des forces d'opposition). En ce sens, s'il est abusif de prétendre ques les sondages font l'opinion, du moins participent-ils, avec les acteurs stratégiques, au processus de production d'une opinion publique.